Comment passer du DNSEP au doctorat ?

Du mémoire de master au mémoire de thèse

Etant directement concernée par la situation, je vous partage mon expérience. J’ai obtenu mon DNSEP, pour ceux qui ne connaissent pas, le diplôme national supérieur d’expression plastique en 2013 avec les félicitations du jury. Depuis juin 2012, ce diplôme qui sanctionne cinq années d’études supérieures en école d’art (beaux-arts) a le grade de master, dans le cadre de la réforme LMD. Donc, on a demandé à moi et mes camarades de promotion en 5e année de rédiger un mémoire sur notre sujet de travail plastique. Imaginez la situation : alors qu’à l’université, les étudiants passent leurs deux années de master à assimiler les règles de recherche et d’écriture universitaire en produisant un « mini » mémoire en master I puis un autre plus conséquent appelé « mémoire de fin d’études » en master II, nous avons été mis face à cet exercice pour lequel nous n’avons eu aucune formation et quasiment aucun suivi. Pour ma part, je n’ai pas eu trop de difficulté, étant autant intéressé par la pratique artistique que par la théorie ; je prenais plaisir à écrire sur mon travail. Il est important de rappeler tout de même que les études d’art sont une formation dédiée essentiellement à la pratique plastique.
J’ai écrit mon mémoire un peu sauvagement, 75 pages en quinze jours, lectures comprises, le jour, la nuit… Nous avions clairement d’autres préoccupations, à quelques semaines du DNSEP, dont l’épreuve majeure consiste à présenter oralement à un jury nos œuvres de l’année exposées dans plusieurs salles. Je me suis lancée malgré tout dans ce travail d’écriture avec beaucoup d’entrain et de passion. J’avais le sentiment d’avoir bien cerné mon sujet de travail.
Le jour de la soutenance, tout s’est passé à merveille. J’ai su défendre le sujet comme je le voulais. Je jury, composé d’un maître de conférence de l’université et de mon professeur de théorie de l’art contemporain ont beaucoup apprécié le développement de mon sujet, l’épaisseur du texte ainsi que les références proposées. J’ai obtenu la note de 18 avec les félicitations du jury. J’ai mentionné brièvement au maître de conférence que je souhaitais poursuivre mes recherches sur le même sujet en thèse à l’université à la suite de mon diplôme, ce qu’il a approuvé.    

Trouver mon directeur de thèse

Mon DNSEP en poche, j’étais convaincue de vouloir continuer mes études en thèse à l’université, encouragée par mes parents bien entendu. Le fait que le DNSEP soit élevé au grade d’un master universitaire était une énorme opportunité pour moi. Je me suis mise en quête d’un directeur de recherche pour suivre ma thèse. J’ai passé plusieurs mois sur internet à chercher quel professeur suivait quelle thèse avec l’aide d’un site très utile que je recommande à tous les futurs doctorants : these.fr. Sur cette plateforme, sont recensés tous les sujets de thèse avec pour certains un résumé, ainsi que le nom de l’auteur, l’université où celle-ci est préparée et le nom du professeur. Vous pouvez entrer des mots clés de votre sujet, trouver rapidement des étudiants qui travaillent sur des thèmes similaires et voir par quel prof ils sont suivis. Malgré tout, vous pouvez faire des erreurs d’interprétation de certains titres de thèses et vous apercevoir plus tard, quand vous fréquenterez cet étudiant, que les similitudes entre vos intérêts et les siens n’existent pas (expérience vécue). Cette méthode vous permettra au moins de faire le tri dans un premier temps, de savoir dans quelle université vous pourriez préparer votre thèse.

Passer l’école d’art à l’université
Pour ma part, j’ai dû effectuer mes recherches seule. Aucun enseignant de mon école d’art ne m’a aidé à trouver mon professeur et mon université alors que certains se connaissent bien évidemment. J’ai appris plus tard que le professeur d’art avec lequel je m’entendais le mieux à l’école s’était lui-même inscrit en thèse avec le même directeur de recherche que je convoitais. Chacun défend ses intérêts, même si, pour le coup, je n’ai pas vraiment compris pourquoi il ne m’avait pas aidé, étant donné qu’il était déjà inscrit depuis une année… Enfin bref.
Même si les choses sont en train d’évoluer, on va vous dire globalement que le doctorat n’est pas fait pour un étudiant des beaux-arts, que vous n’arriverez jamais à convaincre un directeur de thèse, étant donné le nombre de prétendants qui cherchent une place de doctorant à l’université. Il est difficile de donner des chiffres précis. Certains directeurs encadrent entre cinq et vingt doctorants. L’année où je me suis inscrite, nous étions seulement deux à intégrer un groupe d’une douzaine de personnes. Autant dire que les places sont chères. Ne vous laissez surtout pas influencer par ceux qui vous diront qu’il est impossible de faire un doctorat après une école d’art, même si ce sont vos anciens professeurs. Quand on sort des beaux-arts, on est un peu parano ; on se figure qu’il faut avoir des relations pour entrer partout, y compris à l’université. Soyez tranquille avec cela, il est tout à fait possible de s’inscrire en tant que doctorant à l’université sans connaître personne (et vous pouvez vous faire pistonnez, ne vous privez pas).

Convaincre un directeur de suivre ma thèse

Le meilleur conseil que je puisse vous donner, quand vous avez ciblé le directeur qui vous paraît le plus à même de suivre votre thèse, est d’assister aux séminaires qu’il donne pour ses doctorants. Renseignez-vous sur les sites des universités, dans les rubriques « école doctorale ». En principe, ces séances sont ouvertes à tout le monde. Vous pourrez ainsi prendre connaissance des sujets abordés par les doctorants et voir si votre thèse s’intègre ou non dans ces thématiques. Sachez aussi que les professeurs d’université sont eux-mêmes des chercheurs, qu’ils travaillent sur des thèmes précis et qu’il est plutôt confortable que le vôtre se rapproche des siens. Bien entendu, il n’est pas obligatoire d’être un « disciple » de votre directeur de thèse comme l’étaient autrefois les doctorants des maîtres de philosophies, mais pensez bien que ces professeurs qui ont une grande expérience dans leur domaine, ne seront pas toujours à même de comprendre un point de vue différent du leur. Ce n’est pas le cas de tous, et c’est bien triste à dire mais la réalité est ainsi. Ne commencez pas votre thèse avec l’idée que votre directeur va vous épauler à 100% dans vos recherches ; vous allez avoir beaucoup de désaccord, essuyer pas mal de critiques… Gardez le recul nécessaire.

Une fois que vous avez assisté à plusieurs de ses séminaires, que vous avez participé aux discussions en posant des questions par exemple, que vous vous êtes fait remarquer positivement ; vous pouvez envisager de lui demander s’il accepte de suivre ou non vos recherches. Il vous demandera un certain nombre d’éléments qui lui permettront de défendre votre admission auprès du collège des professeurs de l’école doctoral et des besoins de l’administration. Vous devrez faire par exemple un résumé de votre sujet de thèse, rédiger une problématique, proposer des solutions pour parvenir à la « résolution » de votre/vos questions, des mots clés (ceux que vous avez tapé dans theses.fr par exemple) et une bibliographique sélective. Si le directeur a la possibilité de vous accueillir dans son groupe de doctorant et si votre projet le convainc, il validera votre inscription à l’université. Vous pourrez dire à tout le monde que OUI, on peut faire un doctorat après une école d’art ! Non mais !

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